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Suzanne Daumann
Smetana a écrit « Les Deux Veuves » en
1873-’74, et en voyant cet opéra plein de vitalité, d’ironie et de profondeur,
on se demande comment il se fait que sa création française survienne seulement
maintenant, au 21ème siècle, d’autant plus que le livret d’Emmanuel
Züngel se base sur une pièce du Français Mallefille. Si j’étais un peu plus féministe, ou encore
portée sur les théories de conspiration, j’aurais bien une réponse : les
personnages centraux en sont deux
femmes, deux veuves, une d’entre elles se déclare ouvertement très
heureuse de sa condition de célibataire et nullement encline à renoncer à sa
liberté pour se remarier. La production de Jo Davies est située dans les
années suivant la
Première Guerre mondiale. Une très belle installation vidéo
par Andrezej Goulding montre, en suivant fidèlement l’ouverture de
Smetana, de fiers aviateurs et de tragiques événements. Nous savons ainsi que
les maris de Karolina et Anežka sont morts à la guerre. Nous ne savons pas
cependant combien de temps s’est écoulé depuis, ni comment se sont entendus les
couples du vivant des maris. Par contre, nous allons bientôt savoir comment les
deux veuves s’accommodent de leur situation : le premier acte s’ouvre sur
un magnifique salon style 19ème, avec pour meubles principaux un
bureau, un sofa et une table à manger. Trois portes, du beau papier peint bleu
orné de feuillages, une cage d’escalier hélicoïdal, voici le décor où se
déroulera toute l’action. Sur le sofa, nous voyons une figure humaine,
allongée, couverte d’un plaid. Les domestiques vont et viennent, en chantant
leur joie de la fête de la moisson. Entre Karolina. Elle s’assied à la table
et, tout en prenant son petit-déjeuner, chante sa joie de vivre en tant que
maîtresse de sa maison, de son domaine et de ses serviteurs dont elle s’apprête
à partager la fête. Lenka Macikova est splendide dans ce rôle, sa
voix argentée de soprano, sa personnalité vivace font d’elle l’incarnation
idéale de l’esprit ironique et espiègle de Karolina. La personne couverte sur
le divan se révèle être Anežka, sa cousine. Elle est en noir car elle est
encore en deuil de son mari. Ou pour le moins elle ne s’autorise pas la joie de
vivre de Karolina. Sophie Angebault, soprano teinté de mélancolie dorée,
transmet, ainsi que la musique de Smetana, l’impression que son affliction est
peut-être autant due aux conventions qu’à ses propres émotions. Nous n’avons
pas de temps pour de telles réflexions cependant. L’opéra de Smetana, tout en
charme slave et polkas, est mené avec une verve presque diabolique par
l’Orchestre National des Pays de la
Loire , dirigé par Mark Shanahan. Et voici qu’arrive
Mumlal, le gardien du parc, pour se plaindre d’un braconnier particulièrement
impertinent. Je dois avouer que Mumlal est presque mon personnage préféré dans
cet opéra. Quiconque aime l’Antonio des Noces mozartiennes, et se sent frustré
de ne pas avoir eu droit à davantage des ses opinions et idées, sera comblé
avec Mumlal. Ante Jerkunika l’interprète avec un joyeux abandon et une
voix de basse souple et subtile au grondement
de velours.
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