Foto: Teatro Carlo Felice, Genova
Suzanne Daumann
De nos jours, les
metteurs en scène et chefs d’orchestre prennent de plus en plus de libertés
avec les oeuvres qu’ils interprètent: dommage que personne n’ait encore fait un
sort aux maintes longueurs de cet opéra. Il est peut-être impossible de lui
inculquer une sorte de suspense contenu, toujours est-il que ce soir, nous
sommes restés assez indifférents. La mise en scène de
Luigi di Gangi et Ugo Giocomazzi se contentait de situer l’action dans un
espace indéfini entre histoire et rêve, aidé par les costumes de Daniela
Cernigliaro: Elle préconisait des habits historisants pour les Gaulois, longues
robes pour prêtresses et prêtres, blouses et braies pour les guerriers; les
Romains en revanche portaient des uniformes modernes. La scénographie de Federica Parolini était intéressante à regarder: arbres morts, reliés par un fil rouge, cadres dont
pendouillaient bandes de tissu (écorce?), un cadre rond avec des bandes de
tissu blanc, sans doute la lune… Au moins il y avait de quoi spéculer sur la
signification de ces symboles. C’étaient les très belles lumières de Luigi
Biondi qui mettaient en couleur ces cadres et leur arrière-plan et soulignaient
le contenu dramatique des scènes et qui étaient un des
rares points vraiment positifs pour nous. Côté chant, face au
second cast, on est restés tout aussi indifférents: La Norma de Désirée
Rancatore était fort jolie à entendre, mais manquait de stature vocale, de
souffle, de profondeur émotionnelle et de conviction, et de ce fait, était peu
convaincante. Encore moins convaincant, Roberto Iuliano dans le rôle de
Pollione. La révélation de la soirée était Valentina Boi dans le rôle
d’Adalgisa. Candeur juvenile, force et lyrisme, elle avait tout. Dans les
ensembles, les voix se mêlaient harmonieusement, et le choeur était un autre
élément remarquable. Convaincant aussi, plein d’entrain et attentif aux
détails, la direction musicale de Andrea Battistoni. Impressions mitigées
somme toute; le public, en revanche, était ravi, et tout est bien qui finit
bien.
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