© Schubertiade Schwarzenberg
Suzanne Daumann
Le jeune baryton Manuel Walser est venu dans le Bregenzerwald pour
remplacer au pied levé Luca Pisaroni, souffrant. Ce dernier ayant concocté un
programme particulier et bien à lui, Manuel Walser a choisi d’interpréter à la
place ce Matterhorn du lied, « Winterreise ». Doué d’une voix magnifique, lisse, émouvante dans les graves comme dans les
aigus, résonnante et claire – du velours de soie brodé de fils de cuivre, il
exécute à la lettre la partition et cela est fort agréable à entendre. Cependant, l’œuvre demande un peu plus que du beau chant. Une certaine
sobriété dans l’interprétation et le jeu de scène lui sied bien et permet une
compréhension plus profonde des textes. Des aspects extérieurs ne devraient pas
jouer ici, mais le jeune chanteur arbore un look à la Don Giovianni, barbe au
menton, cheveux noirs coiffés en arrière, et scrute l’horizon à la fin de
certains morceaux, avec une expression offensée. Le résultat en est légèrement
comique. C’est dans les morceaux tels que « Der stürmische Morgen » ou
« Mut », où Manuel Walser peut donner toute la mesure de son
tempérament et il capte bien l’ironie amère de « Wetterfahne » ou
« Täuschung ». Le public applaudit chaleureusement, standing ovations, pieds qui tapent le
sol, honorant l’effort et le potentiel du jeune homme – et une belle prestation
schubertienne.
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