Foto: Schubertiade Schwarzenberg
Suzanne Daumann
La Schubertiade, le célèbre festival de musique autrichien, fête durant les
éditions 2015 et 2016 les 40 ans de son existence avec l’intégrale des Lieder
de Schubert. Les programmations comprennent donc une belle quantité d’œuvres
inconnues et permettent plus d’une découverte. Le jeune ténor suisse Mauro Peter, remarqué lors d’une Flûte Enchantée à
Paris, propose ce soir un programme varié et intelligent. Pour commencer, il interprète quatre lieder sur des textes de Friedrich von
Matthisson, datant de 1814, ensuite un choix de morceaux sur le thème de
l’amour, pour finir la première partie avec Goethe, et finalement « An den
Mond » version D 296. Sa voix
chaude au timbre barytonal et naturel, son approche légère et son charme
juvénile, avec l’intelligence de ses interprétations, font de lui un chanteur
de lied prometteur que l’on suivra attentivement. Ce soir, les cinq premiers morceaux restent un peu académiques, puis, avec
« Stimme der Liebe » D 412, le courant passe, le chanteur s’enflamme
et s’abandonne. Chaque lied devient ensuite un mini-événement musical profond.
Et le récital devient un tout où la finesse des textes et la qualité de la
composition ravissent l’esprit, alors que l’interprétation touche le cœur et
l’âme. Helmut Deutsch au piano est une présence tranquille, discrète sans
effacement. En passant, l’on découvre des bijoux tels que « Pilgerweise » D
789, « An die Entfernte » D 765, « Am Flusse » D 766 ;
les deux derniers viennent d’un groupe de compositions de textes de Goethe
duquel on entend plus souvent « Der Musensohn » D 766, ou bien
« Willkommen und Abschied » D 767. Mauro Peter prend congé avec ce
dernier, dans un galop de tonnerre, c’est-à-dire qu’il il prendrait congé, si
les applaudissements et les bravos du public ne le faisaient revenir pour
quelques bis. « Heidenröslein » et « Liebhaber in allen
Gestalten » font sourire, et finalement « Du bist die Ruh »,
dédié par le chanteur « à une personne spéciale », émouvant, plein de
délicatesse, clôt la soirée. Un dernier éclat d’applaudissements, et l’on sort
dans la nuit avec au cœur la tranquillité mélancolique du dernier lied. Une soirée Schubert bien comme on aime, et comme on les trouve presque
seulement ici.
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