Foto: Catherine Pisaroni
Suzanne Daumann
Luca Pisaroni est un des
chanteurs d’opéra des plus intéressants de nos jours. Grâce à sa voix de
baryton-basse unique et sa présence scénique, ses Figaro ou Leporello sont déjà
des classiques. Il faut l’avoir vu en récital cependant pour vraiment apprécier
la musicalité de son chant et ses capacités de entertainer. Il était au Teatro della
Pergola de Florence le 11 novembre 2017, pour un récital de chansons italiennes
et américaines, avec Christian Koch au piano. Malheureusement, la salle était à
moitié vide, choquant pour celui qui a l’habitude des théâtres complets de la
France ou de l’Allemagne, une normalité par ici, comme on nous a assuré plus d’une
fois. Le programme commençait par quatre chansons de
Bellini. Si le tout premier sonnait encore un peu froid et raide, dès le
second, Bella Nice che d’amore, les tons chaleureux s’élevaient et
l’enchantement se faisait. Nos coeurs furent conquis par les quatre pièces de
Rossini, particulièrement le merveilleux Ultimo Ricordo, d’une beauté à
se damner, et chanté avec un abandon tranquille et profond, et ils furent
brisés par Tosti, dont les chants conclurent la première partie du programme.
La voix profonde, chaude et résonnante de Luca Pisaroni, sa diction et
intonation parfaite, révélaient la beauté douce-amère de ces morceaux, donnant
vie aux esprits de leurs poètes et compositeurs, leurs existences et leurs
mondes. Après l’entracte, les
artistes nous enlevaient aux États Unis de l’époque de Cole Porter et George
Gershwin, et maintenant l’élégance décontractée de smoking et chemise noire
prenait tout son sens. Ils allaient aussi parfaitement au programme qu’au
chanteur, et cela swinguait comme il faut, sur scène comme dans la salle. De
nouveau, le chant de Luca Pisaroni était un pur délice, et Christian Koch au
piano était un partenaire aussi Swing maintenant qu’il avait été mélodieux et
italien dans la première partie. La dernière partie était
dédiée à Rodgers et Hammerstein, et encore une fois, l’interprétation des deux
artistes emplissait chaque mot, chaque note, de sens. Trois bis de Cole Porter
plus tard, ils pouvaient finalement quitter la scène et un public enchanté. Torna, caro ideal - cher Luca, reviens bientôt!
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